De mémoire d’anciens, un tel mouvement avec une telle ampleur n’avait pas été vu dans notre profession depuis 1992. Certains devant les portes pendant ces deux semaines n’étaient pas encore de ce monde. De nombreux espoirs étaient nés de ce mouvement qui avait recrée de la solidarité entre nous et les décisions qui allaient en résulter conditionner notre profession pour les 25 prochaines années. Mais voilà, c’était sans compter sur le secrétaire général du syndicat majoritaire UF(D)AP dont le mandat de trop l’a semble-t-il trop rapproché du pouvoir.
Alors, puisque comme seule défense il nous dit que nous avons obtenu des avancées, et bien décortiquons les ces avancées !
Sur le plan sécuritaire :- Des nouveaux gilets pare-balles (très utiles sur une coursive…) et des nouvelles chaussures, la belle affaire !- Des nouvelles alarmes portatives, à la maison d’arrêt chez nous et dans d’autres établissements elles sont en fonction depuis plusieurs mois.- Les passe-menottes, c’est déjà mis en place dans certaines prisons.- Possibilité de fouilles inopinées, un chef peut déjà les programmer, rien de neuf. En gros sur le plan sécuritaire, que des projets déjà mis en place ou qui étaient actés. Nous avons au mieux obtenu une accélération de ce qui était prévu.
Sur la gestion des détenus radicalisés :- Un quartier d’évaluation spécifique pour les détenus radicalisés, ça existe déjà avec les quartiers d’évaluation de la radicalisation (QER).- Des quartiers étanches pour les détenus dangereux, là encore c’est dans les tuyaux depuis un moment. De la poudre aux yeux tout ça…
Sur les 1100 emplois supplémentaires :- Seulement 100 pour cette année, le tout étalé sur 4 ans et au final cela ne suffira pas à combler les manques qui existent déjà. Ce que semble oublier notre Administration, c’est que plus personne ne veut faire ce métier. On pourrait nous promettre 10 000 postes que le problème perdurerait. Personne ne rentre chez nous par passion, l’attrait passe bien par du sécuritaire mais aussi par de l’indemnitaire.
Justement sur l’indemnitaire : Il faut d’abord rappeler qu’au début du mouvement, le secrétaire général de l’UF(D)AP ne voulait pas en parler. Il voulait « consulter sa base ». C’est vrai qu’il est besoin de consulter pour savoir si les agents veulent gagner plus…- La PSS revalorisée de 2 points sur 4 ans, soit 0,5 par an, un gain de 7 à 9 euros par mois chaque année. Cela ne comblera même pas la hausse de la CSG.- L’ICP à 1400 euros bruts au lieu de 1000, soit un gain d’environ 300 euros net par an.- La prime des dimanches et jours fériés qui gagne 10 euros. Sachant que nous en faisons entre 15 et 20 par an (sauf les postes fixes), c’est astronomique !…
Quant au plan statutaire, il ne veut même pas en entendre parler et pourtant… Avec un passage en catégorie B et une grille de salaire équivalente à celle de la police, un agent ne commencerait pas à 1400 euros par mois mais à 1700 et ne finirait pas à 2100 euros mais au moins à 2500. De ce fait, les candidats seraient plus nombreux à postuler et l’Administration pourrait pratiquer une sélection plus rigoureuse. Mais pour ne pas aller dans le sens de Force Ouvrière Pénitentiaire, ce même syndicat nous dit qu’en cas de passage en catégorie B, nous perdrions le paiement des heures supplémentaires. C’est faux ! Une bonne fois pour toutes, le paiement des heures n’est pas conditionné à la catégorie mais à l’emploi. A titre d’exemple, certaines infirmières qui sont en catégories A ou B voient leurs heures payées.
Alors pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être, il avance que la majorité de ses adhérents a validé cet accord. Quelle blague ! Nous lui suggérons d’aller à la rencontre de ceux qui ont failli mourir et de leur dire que grâce à lui ils vont gagner 40 euros de plus par mois. Il devrait être bien reçu…
Pour couronner le tout, il fait croire que si les sanctions sont annulées, c’est grâce à son intervention pour faire de lui un sauveur à la place d’un Judas. Il va même jusqu’à écrire dans son dernier tract que son syndicat n’y est pour rien dans les blocages et que les agents ont été pris en otage par notre organisation.
Quelle honte ! Tel Judas qui embrasse son « ami » pour le rassurer mais qui au final par ce geste le livre à ses ennemis, le secrétaire général de l’UF(D)AP par cette trahison aura tué les espoirs des personnels qu’il était pourtant censé défendre.
On n’est jamais mieux trahi que par les siens.